Elles ont en commun le patronyme qui représente la 33e promotion de l’Inet. Jacqueline de Chambrun était la grand-mère de Clémence. Aujourd’hui sa petite fille a créé l’identité visuelle de la promotion qui porte son nom.

Lyon, juillet 2025. Sous une chaleur presque étouffante, nous évoquons la mémoire de Jacqueline de Chambrun avec Clémence. « Déjà pour moi c’était très bizarre d’entendre parler de Jacqueline alors que nous (Clémence et ses cousins) l’appelions Katichette. Sans compter que le portrait qui m’a été suggéré, ce n’est pas le visage de la grand-mère que j’ai connue », raconte Clémence, non sans émotion quand l’entretien commence. D’autant que son grand-père appelait sa femme Noëlle, de son nom de résistante quand elle était le lieutenant Noëlle. La Résistance, Jacqueline n’en parlait pas. Clémence se souvient que Katichette lui avait montré comment écrire des messages codés avec une allumette et du citron, « ce n’est que plus tard que j’ai compris qu’elle avait utilisé ces méthodes pendant la Résistance, mais à l’époque je voyais cela avec des yeux d’enfants, c’était un jeu. »
« C’est fou c’était ma grand-mère »
Le regard de Clémence a évolué depuis qu’elle était enfant. Si elle garde de très bons souvenirs de vacances en Lozère avec ses cousins chez Katichette, elle évoque le côté « punk » de Jacqueline de Chambrun. « Elle cassait les codes de l’époque ! C’était une femme libre, entière et déterminée. Elle allait à l’essentiel. Je garde le souvenir d’une grand-mère qui aimait bricoler, jardiner, derrière son motoculteur rouge et toujours avec une cigarette à la main. Elle avait aussi son franc parler, elle n’était pas du tout dans les conventions de l’époque. C’était un électron libre », raconte Clémence. Cheveux courts, toujours en pantalon, sa grand-mère était féministe et elle défendait les plus vulnérables. Elle était avant-gardiste sur pas mal de sujets, « sur la colonisation par exemple elle était ultra progressiste, elle était très fière d’être née au Maroc et se sentait aussi Marocaine que Française », nous confie sa petite fille, fière elle aussi de cet héritage. « C’est fou c’était ma grand-mère ! Qu’une femme de sa génération en soit là, que je l’ai connue, c’est une vraie chance ! » Clémence évoque une personne entière qui ne se résignait jamais : « Elle sentait une mutation chez les générations futures, elle l’a évoqué quand elle a reçu la Légion d’honneur. Elle était attachée à la passation, elle ne nous a jamais incités à », décrit-elle.
Un logo pour incarner sa mémoire
Pour imaginer le logo, Clémence s’est inspirée de toutes les facettes de Jacqueline. Il y avait pourtant un décalage, selon elle, entre ses souvenirs et ce qui était renvoyé : « L’image que j’ai de ma grand-mère ne ressemble pas à celle que les gens peuvent avoir, c’était difficile pour moi car je ne connaissais pas ma grand-mère avec ce visage là. J’ai essayé d’exprimer avec douceur l’engagement d’une personne toujours en lutte, voire en colère ». Le logo est composé d’une photographie tramée en lignes diagonales qui donnent de la force au visuel.

« Il a été traité comme une affiche militante. Le visage et la typographie pourraient s’imprimer sur les presses clandestines de l’époque. Je me suis inspirée de polices de tracts avec des graisses différentes pour faire ressortir le prénom Jacqueline, plus que son nom. J’ai ajouté de la douceur avec la courbe de la lettre Q, à l’image des combats qu’elle a menée pour les plus vulnérables. » D’après Clémence, ce qui la résume le mieux, c’est cette citation : « On ne gagne pas toujours, mais ce n’est pas parce qu’on ne gagne pas qu’on ne doit pas continuer encore. Ce qui est important, c’est que des valeurs ne soient pas perdues. » Jacqueline de Chambrun, 1920-2013.
Nous tenons à adresser un grand merci à Clémence, qui a fouillé dans les archives familiales et dans ses souvenirs pour nous offrir ces moments partagés avec celle qui incarne aujourd’hui les valeurs de la 33e promotion de l’Inet.